Nouvelles du monde
The daily Telegraph
La fin d'une République:
Le régime qui a le plus fasciné est bien la République. Par ses combats pour la survie et ses chutes, la République a suscité admiration ou colère. César, Platon et les Duce sont connus pour être des défenseurs ou des pourfendeurs de République. On peut aujourd’hui rajouter, dans la liste des « assassins des République », un nouveau personnage bien triste qui a déjà beaucoup de vils surnom : Napoléon Bonaparte.
Qui ne connaît pas Napoléon Bonaparte ? Cet homme qui détruit, défait des armées entières avec peu de soldats et de façon prodigieuse. Cet homme qui ôte les bases des régimes monarchiques les plus solides en un éclair. Et cet homme qui enterre la plus prometteuse des Républiques : la République Française.
Le Coup d’État est le premier coup porté dans le dos du régime révolutionnaire français. L’argument de Bonaparte était de « sauver » la République, d’achever la révolution et de conserver les idées des lumières. Il déclare ensuite le début d’un Consulat tout en garantissant les libertés individuelles. Cependant, la réalité est tout autre. Le plébiscite est certes approuvé par une large majorité de « oui » mais Napoléon n’a pas hésité à rajouter 900 000 voix de plus aux 1,5 millions de voix qui étaient déjà en faveur du consulat ; et de plus seul 3 millions d’électeurs ont votés, ce qui ne représente absolument pas 30 millions de personnes. Déjà ce plébiscite est indigne d’une République et est contre les idées de base de la révolution : « le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple ».
La dictature de Napoléon ne s’arrête pas là puisque dès son coup d’état, celui-ci supprime plus de 60 journaux parisiens jugés indociles. Si la propagande disait la vérité en affirmant que Napoléon est le « sauveur » incontesté de la République, ce dernier n’aurait pas commis cet acte qui va à l’encontre de la liberté de presse. L’explication est simple, pour Napoléon Bonaparte : « Si je ne muselle pas la presse, je ne resterai pas 3 mois au pouvoir ». En effet, si Napoléon a abruti le peuple par ses gloires et par ses campagnes de propagande, la tête du peuple, elle, est restée fraîche et vigilante. Elle aurait très vite compris que cet homme est un ennemi de la République et elle aurait revivifié le peuple qui demeurait dans les bras de Morphée.
L'acte suivant de ce dictateur est son couronnement impérial. En posant sa couronne sur sa tête, Napoléon a réuni religion et État dans un seul domaine politique. La séparation du clergé et de l’État est désormais fini. Napoléon a oublié les souffrances de tous ces Hommes qui ont tant voulu d’un monde libre de clergé. La constitution impériale, qui est le fruit de ce couronnement, est totalement contraire aux idées révolutionnaires puisque seul les « mâles » de la descendance de Napoléon peuvent gouverner le peuple français. Ce qui est une caractéristique propre d’une monarchie absolue. Durant son deuxième couronnement pour devenir roi, il a prononcé ces mots si menaçants : « Dieu me l’a donnée, gare à qui la touchera ». À travers cette phrase on ressent les idées monarchiques : Dieu désigne les rois et il est impossible de contredire la parole de Dieu. Où sont les idées révolutionnaires ? Aux oubliettes apparemment…
Certes durant ces deux couronnements Napoléon a juré solennellement de garantir l’intégrité de l’Empire, de respecter et de faire respecter la religion de l’État, de respecter et de faire respecter l’égalité des droits, etc. Mais cela ne veut pas dire que la République est pour autant sauvée. Puisque ce discours a été repris par tous les rois y compris par Louis XIV et les libertés individuelles ont été bannies…
On peut aussi émettre l’hypothèse que, malgré tout, Napoléon pourrait être un « gentil » roi ou/et un « bon » empereur. Cependant, celle-ci est à exclure et de façon immédiate car, toujours selon les idées révolutionnaires, Napoléon a formé une noblesse impériale basée sur un ordre fondé sur le mérite. Mais pour accéder à cet autre, il faut plaire au roi et/ou à l’empereur qui se nomme Napoléon. Cela ne ressemble-t-il pas à une monarchie ?
On peut citer aussi le code civil « qui est le plus beau livre paru » selon le peuple français, mais celui-ci ne fait que rassembler les idées révolutionnaires et il permis surtout de faire oublier aux sujets de Napoléon qu’ils sont sous une monarchie.
Enfin, le dernier acte se symbolise par un mariage, qui est à première vue inoffensif : la liaison entre Napoléon Bonaparte et l’impératrice Marie-Louise dans le salon sacré du Louvre en 1810. Sauf que, par cette alliance, Napoléon Bonaparte, ce républicain tant chérit par le peuple français, devient le petit neveu de Louis XVI.
Napoléon avait raison, lorsqu’il a déclaré durant son coup d’état que la révolution « est finie ». Oui, elle est belle et bien terminée...
Woody Illich