La France, démocrate ?
Pays des Droits de l’Homme, pays de Progrès et de Liberté.
Cette Nation de tous les espoirs est en pleine adolescence. Non contente d’autoproclamer sa Démocratie, elle veut l’imposer à l’étranger. Ainsi, la voici en route vers Moscou pour donner leçon à son Altesse Impériale le Tsar de toute les Russies. Mais quel modèle compte-elle imposer ? Celui du son peuple ? On a connu le régime de la terreur ! Celui de son armée, et des enrôlés de force, des conscrits qui se demandent encore pourquoi ils doivent mourir loin de chez eux au lieu de nourrir leur famille ? Sous les ordres d’un EMI autoproclamé à vie ? Écrasant d’éventuels jeunes officiers ayant déjà fait leurs preuves et soutenus par leurs hommes d’accéder à l’EMI.
Notre Généralissime Empereur et Roi, bien qu’au fait de beaucoup de choses, est-il en mesure d’exploiter pleinement tout ses officiers et son armée, ignorant les capacités de commandement de certains de ses hommes ?
Les EMI actuels, s’accrochant désespérément à leur poste seraient-ils encore présents si la voix des officiers et soldats pouvait s’exprimer pour choisir son commandement ?
La Nation ira-t-elle au bout de la Démocratie ?
La Révolution a-t-elle eu raison de la Dictature Royale ?
En clair, nos chefs auront-ils le plébiscite de nos hommes ?
Ender ar Tewen .
Le Paradoxe Napoléon
Depuis le coup d'État du 18 Brumaire, il y a treize ans, le "Petit Caporal" a fait bien du chemin… Et le voici aujourd'hui enlisé dans la boue russe à bien des kilomètres de son île natale. En quelques années à peine, il a réussi à conquérir l'Europe, du moins jusques aux confins moscovites et seule la perfide Albion lui résiste encore et le nargue encore se jouant de ses flottes… Ô Trafalgar, cimetière marin des rêves engloutis…
Mais au-delà des victoires et des défaites, au-delà de l'incontestable génie militaire de cet homme, et au-delà même du sang des morts qui demeurent les acteurs oubliés de ce drame, il est une question qui mérite d'être posée… Qu'apporte donc Napoléon et ses conquêtes ? Des fleurs nouvelles poussent-elles dans les sillons de sang que ses canons laissent derrière eux ? Ou bien n'est-il qu'un boucher aliéné qui égorge l'Europe de son sabre en même temps que les espoirs éphémères d'une révolution manquée ?
Napoléon tout d'abord, et il convient de se le rappeler, est un Empereur, le premier de sa dynastie. Ce faisant, en devenant empereur, il se proclame l'ultime fossoyeur d'une Révolution qui était déjà, il faut le reconnaître, agonisante depuis quelques années. Toujours est-il qu'il n'hésitera pas à proclamer que la Révolution est finie… Elle était un peu comme un songe embrumé qu'on oublie en s'éveillant… Au matin, il n'en reste plus rien que le sentiment diffus d'avoir vu autre chose… et d'en être revenu.
Le pouvoir napoléonien est autoritaire, autocratique et absolu. Il le déclare lui-même : "Les règlements sont faits pour les médiocres et les indécis ; rien de grand ne se fait sans imagination" ou encore "Les lois claires en théories sont souvent un chaos à l'application"… Il donne ainsi le la, il sera le seul à décider des lois, et même plus, à décider sans loi… Le despotisme de Montesquieu n'est pas loin… Un gouvernement ne connaissant d'autres lois que celle du bon plaisir de son souverain qui règne grâce à la pratique de la terreur. Ne dit-il pas enfin "Il faut qu'une constitution soit courte et obscure. Elle doit être faite de manière à ne pas gêner l'action du gouvernement" ?
Mais il a déjà été question de nombreuses fois et dans de nombreux articles des travers despotiques de cet Empereur. Combien de journalistes, amoureux de la Révolution, n'ont-ils pas dénoncé le retour de la tyrannie ? L'Empire c'est la Bastille qui renaît de ses ruines ! C'est la monarchie qui retrouve sa tête ! Et ce sont Couthon, Danton, Desmoulins, De Gouges, Robespierre, Saint-Just et tous les autres qui la perdent une seconde fois ! Bien sûr Napoléon restreint les libertés, bien sûr il méprise la République et ses acquis… Pourtant ceux qui attaquent avec tant de verve l'assassin plébiscité de la Révolution passent à côté du paradoxe Napoléon.
Car si Napoléon n'est pas, nul ne peut honnêtement le prétendre, un fervent partisan du projet révolutionnaire, il n'en demeure pas moins, malgré lui, non seulement l'héritier mais aussi et surtout le continuateur. C'est par lui que les idées révolutionnaires se diffusent et triomphent en Europe. Car il ne faut pas oublier que les guerres napoléoniennes ne sont que la progéniture logique et vigoureuse des conflits engagés par les puissances européennes réactionnaires qui voyaient dans la Révolution une idée neuve mais surtout subversive qu'il convenait d'écraser au plus vite. Il ne faut pas oublier qu'Arcole, Rivoli, Austerlitz et Iéna ne sont que les filles de Valmy. Et qu'à la pointe des baïonnettes françaises, c'est la Liberté qui luisait aux yeux de leurs ennemis et que c'est en chantant la Marseillaise que la Grande Armée a parcouru l'Europe.
Aux accusations bien fondées d'absolutisme, il convient cependant de rappeler que c'est Napoléon qui promulgua le Code Civil, dit aussi Code Napoléon. Notons que ce recueil qui met en place pour la première fois un socle de lois commun à tous les Français, était un des grands projets révolutionnaires, mais que chaque tentative pour l'établir se solda par un cuisant échec. Le Code Civil n'est en fait que la manifestation d'une vaste entreprise de modernisation des institutions qui commença lors de la révolution et que Napoléon, dans ses conquêtes, étendit à l'Europe.
En fait la Révolution Française, de par ses idéaux, avait une nature universelle. L'égalité n'a de sens que lorsqu'elle est partagée de tous. Aussi la Révolution devait-elle se diffuser ou mourir. Napoléon malgré lui, en brisant la Révolution, a garantit la survie et le triomphe des idéaux de cette dernière. C'est la le paradoxe Napoléon. En mettant fin au processus révolutionnaire à bout de souffle, il a en fait permis sa survie en l'exportant dans toute l'Europe.
En enterrant Rousseau, l'Empereur, à son corps défendant, a ressuscité Voltaire.
Mikhaïl Koutousov .
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