Premier reportage
En ce début d'automne, la Gazette m'a envoyé sur le front pour enquêter. C'était mon premier grand reportage, j'espérais assister à de grand, événements, mais quelle ne fut pas ma déception en arrivant là-bas.
Les hôpitaux étaient remplis de blessés et les routes pleines de troupes mal remises montant au front...
Le moral était au plus bas. J'ai même entendu dire certains vétérans qu'on était trahis, que notre État-Major n'avait pas anticipé la découverte de fermes russes regorgeant de vivres et de munitions. D'autre disaient que si le tondu était avec nous, nous marcherions en avant les yeux fermés !
En bref, la confusion régnait dans la Grande Armée et telle était l'étrange situation que je vis pour mon premier jour en première ligne.
Cherchant un refuge pour la nuit, j'entrais dans une ville qui avait été prise ces derniers temps. Son nom m'était inconnu, il y avait plusieurs panneaux à l'entrée, tous différents...
Les murs de la cité portaient encore les stigmates des récents combats. Tout était en ruine, les chevaux mort avaient été dévorés, le ravitaillement n'arrivait donc pas jusque là... J'allais vers un groupe de conscrits qui s'emblaient perdus afin de savoir si dans tout ce désordre, une taverne était encore un debout. Un grand tout maigre me dit :
"Va donc à la taverne "Les Fils de l'Aigle", le journaleux. Tu verras, c'est plein de hussards !"
Je trouvais donc cette taverne et effectivement il y avait des hussards du IIIème Corps ivres-morts dans tous les coins. Toute les portes et tout les volets avait été arrachés.
Fatigué de ma longue route, je décidais quand même d'y entrer en enjambant deux hussards qui barraient l'entrée et allais au comptoir. Une charmante cantinière me dirigea dans une chambre ou dormait un immense grenadier et un tout petit voltigeur. C'était assez amusant !
Le lendemain au réveil, je pris une soupe de cheval, un coup de vodka, et je partis en direction des bureaux de l'État-Major. J'y vis des estafettes et des aides de camps gros comme des moines. Visiblement, le ravitaillement arrivait jusqu'a l'État-Major.
Deux sentinelles en chemise me conduisirent vers le bureau des responsables de l'État-Major. Lorsque la porte s’ouvrit, quel spectacle !
Il n'y avait pas là des généraux en grand uniforme penchés sur des carte à piquer des épingles, mais Messieurs Marbot et Soult, affalés dans des fauteuils en robe de chambre, sans froc et sans bottes, toute bedaine dehors.
Marbot me lança entre deux rots : "Prend donc un verre mon ami ! Qu'est-ce que nous veulent encore ces messieurs de la Gazette ? "
Soult lui répondit : "Ben... Heu... Oui, d’abord qu'est que le populo a à foutre de notre guerre ? "
Et ils se mirent à rire tout les deux. Marbot en profita pour lancer un coup de pied à une paysanne entièrement nue qui gisait au sol dans son vomi en lui hurlant : "Allez, rentre chez toi grognasse et dit à ta sœur de se tenir prête pour ce soir ! "
Évitant de peu cette pauvre fille qui sortait, je pris un verre et m'assis à côté de deux secrétaires qui dormait, une plume toute sèche dans la main, devant des papiers à entête vides d'écriture.
Je posais ma première question : "Messieurs de l'État-Major, pouvez-vous me faire un état de la situation de la grande armée ?"
Soult répondit le premier : "Eh bien la Garde au nord culbute correctement les russes tandis que les Autunnois au centre font face à toute une armée russe."
Marbot l'interrompit et lui dit : "Mais non, ce n’est pas la Garde au nord, c'est la Brigade Infernale, et au centre ça peu pas être les Autunnois, ils sont sur le front d'Espagne... Enfin je crois."
Soult continua en m'expliquant qu'au sud, l'Armée du Rhin menait de vagues opérations dont personne ne savait rien.
Tout à coup, un colonel entra sans frapper et lança : "Où est encore passé ce cochon de Sainte-Croix ? Je trouve plus les caisses de cognac que le tondu nous a refilé !"
Marbot et Soult se regardaient, étonnes, et dirent : "Mais c'est vrai, où il est passé ce con-là, ça fait des semaines qu'on l'a pas vu ?"
"Ouais ben faudra le retrouver fissa, dit le colonel, c'est lui qui a rangé les caisses de cognac et la mienne est vide !"
Profitant du brouhaha qui c'était installé, j'en profitai pour m'éclipser, oubliant les autres questions que j'avais à poser. En sortant dehors, l'air me paru d'une grande pureté à côté de la puanteur qui régnait à l'intérieur et je repris la route de cette ville mystérieuse dont le nom m'était toujours inconnu. Je ne pu m'empêcher de me poser cette question : "Ais-je rencontré l'État-Major de la Grande Armée ou un parti de cosaques ?...
La Plume
Extrait de lettre
Le Capitaine Bruno du 7ème Hussard près de Tilsit le 20 Juin 1807 à sa mère :
C'est une fière jouissance que de faire la guerre avec un homme comme notre Empereur et surtout contre un ennemi que l'on a de la gloire à battre. Les russes sont braves mais ils ne sont pas encore ce qu'ils croient, et quand on est à force égale, ils ne sont pas si crânes que l'on veut bien le dire... Nous avons eut devant nous des hommes de toute les nations, des gentilshommes tartares qui portent des lances et servent de garde au Grand Duc Constantin. C'est une brave et belle troupe ! Des tartares kalmouks qui nous ont envoyé des flèches comme celles avec quoi on tire l'oiseau en France, c'était à mourir de rire, des cosaques du Don avec de grandes barbes, d'autre de l'Ukraine, enfin des démons de tous les cantons comme à la tentation de saint Antoine...
NDLR : Ni l'auteur, ni le reste de la lettre, coupée et tâchée de sang, n'ont pu être retrouvés...
Anonyme
Appel aux critiques
Nous faisons toujours appel aux critiques constructives pour améliorer nos parutions. N'hésitez donc pas à nous envoyez vos articles, impressions, citations… tout cela à destination de nos journalistes qui se feront un plaisir de les traiter.
La Rédaction