Douce musique:
L'armée, c'est la guerre mais aussi le tambour, le trombone et les chants autour d'un bivouac ou en marche. C'est que les soldats sont de sacrés poètes et ils ont tout un arsenal d'images pour exprimer leurs sentiments. Ainsi, à l'usage des jeunes conscrits qui risquent de ne pas comprendre la moitié des dires des vieux grognards, la Gazette de Russie va, pendant quelques éditions, vous dévoiler quelques-unes de ces locutions argotiques militaires, le parler vrai des soldats de l'Empire :
Le Patron, le Petit Tondu : Napoléon
Le Vilain Jeton : Wellington
Le Mois Napoléon : Le 13e mois de solde
ARMES :
Il tousse : quand le canon tire
La côte de bœuf : le sabre
Le brutal, le bronze, la flûte à gros bec : le canon
Le crucifix à ressort, la flûte à bassinet, le soufflant, le mandrillon : le pistolet
Le repoussant : le fusil
Un jambon : quand le fusil est cassé en deux au niveau de la crosse
Un triqueballe : charroi d'artillerie
SOLDATS :
À quia : celui qui ne comprend pas la langue d'un pays
Blondin : celui qui fait le fier ou le beau (s'il se met en grande tenue, il fait le faquin)
Carabins : chirurgiens
Céleris, riz-pain-sel : employé de l’intendance
Des colbacks : les conscrits qui arrivent avec les cheveux longs (avant d'être coiffés réglementairement à la Titus ou à la caniche)
Des courte-queue : les nouveaux soldats qui arrivent dans la Garde et qui ne peuvent encore se faire une queue avec les cheveux
Des jean-jean, des blancs-becs, des becs-à-sucre : les conscrits qui arrivent au régiment
Des pitauds : les paysans lourds et grossiers qui arrivent à l'armée
Dur à cuire, vrai bougre, vieille moustache, briscard, brave à trois poils, crâne, grivier, vieille culotte, fameux lapin, câlin : soldat chevronné
Gros talons, gilets de fer : les cuirassiers
Joue des jambes : le soldat qui se sauve en courant lors d'une attaque
Les Immortels : la Garde
Marche à regret : conscrit réfractaire
Marche à terre, pousse-caillou, sous-pieds de guêtres, des tourlourous : fantassin
Menteur comme un bulletin : le soldat qui ment
Pays : ainsi se nomment les soldats d'une même région
Peint à l'encaustique : jeune hussard imberbe (on lui dessine de fausses moustaches quand il arrive au corps)
Un "vas-y-dire" : un enfant qu'on envoie porter un message contre récompense
Un Amateur : celui qui s'écarte durant une marche
Un barbet : un déserteur
Un bien ficelé : le soldat équipé sur le pied de guerre
Un brise-muraille : un artilleur
Un courte-botte : soldat de petite taille
Un enfant de la giberne : l'enfant naturel d'un militaire et d'une cantinière
Un loustic : le soldat qui est le plus gai de la compagnie
Un ours, un grigou : celui qui vit à l'écart des autres
Un rafalé, un frileux, un bêche : un soldat qui à peur
Un soudrille : le militaire libertin, un soldat sans honneur
Un tapin : apprenti tambour, mauvais tambour
Une clique : dans les régiments de cavalerie, les mauvais sujets se regroupent entre eux
Une puissance : un haut gradé
G.P.
Drame sur scène
Non, chers amis, ceci n'est pas le titre de la nouvelle pièce de théâtre de G. Jégnot, ni un nouveau village fondé par notre bien-aimé Empereur. Non, il s'agit bien d'un drame, d'un drame national qui est en train de se dérouler sous nos yeux.
Mais quel drame, allez-vous me dire ?
Et bien, nous avions eu du mal à l'annoncer, mais nous ne pouvons plus faire l'impasse dessus : notre baryton national, Jean-Philippe Smat, est entre la vie et la mort. Oui, ce grand interprète que la Terre nous envie lutte pour survivre.
Rappelons les faits, en 1810, notre baryton annonce qu'il va faire une dernière tournée et qu'il prendra se retraite par la suite car à la fin de sa tournée il aura 66 ans, une belle carrière qu'à fait notre Jean-Philippe depuis 1789.
Une tournée dans tous les théâtres de notre belle France qui débutera en 1811 par Paris bien sur. Notre baryton avait l'air en pleine forme, personne ne pensait qu'il allait lui arriver le moindre mal.
Malheureusement pour ses admirateurs et pour lui, la tournée allait être longue, fatigante et difficile. Pas loin d'une représentation pas jour ! Plus la tournée avançait, plus la fatigue se voyait sur son visage.
En juillet, un scandale l'éclabousse pour son récital donné sur le Champ de Mars du 14 juillet (en effet pour divertir la population de Paris, l'Empereur, ami personnel de notre baryton, lui aurait demandé de se produire) qui aurait couté la coquette somme de 2 millions de napoléons. Puis quelques jours plus tard, après avoir donné une représentation au port impérial de Toulon, alors qu'il se reposait au large sur un bateau, il chutait lourdement sur le pont, se blessait légèrement et annulait quelques dates.
De plus, des ennuis personnels s'ajoutèrent puisque sa femme Laetitia vivant en Suisse et seule, aurait eu une aventure avec un banquier. Jean-Philippe eut vent de cette rumeur et parti la rejoindre non pas pour vérifier la rumeur, mais bien pour retrouver et prouver son amour à sa belle.
En novembre, une hernie le faisant souffrir, il décide de se faire opérer par le même médecin qui lui avait fait cette opération deux ans plus tôt. Nul ne sait ce qui s'est vraiment passé dans cette salle, mais quelques jours après sa sortie, notre artiste n'arrivait plus à se tenir debout et souffrait terriblement.
Depuis quelques jours, il est en soin en Suède dans le couvent du Mont Sinaï, où apparemment les soins qu'on lui sonne sont très bénéfiques. Espérons que notre grand interprète de "La Marseillaise", de la "Carmagnole", de "Ah ! Ca ira !" ou encore de "Veillons au salut de l'Empire" puisse se rétablir en paix auprès de toute sa famille.
Signalons à tous ses admirateurs que la fin de sa tournée Tour 1789 vient d'être annulée, notre Jean-Philippe Smat ne remontera plus sur scène, voilà un bien mauvais drame de scène.
Le Pacificateur
Caricature Mortelle
Camarades russes, il y a quelques années dans la Pravda, le dessinateur danois Kurt Disney avait osé faire une caricature de l'Empereur Napoléon.
Le dessin représentait Napoléon sous les traits d'un ogre en train de manger le continent européen avec des nains à ses côtés représentant sa grande armée.
Ce dessin avait fait le tour de l'Europe, il a été publié dans tous les royaumes, y compris ceux occupés par l'Empereur. Ce qui déclencha une forte haine contre le peuple danois et son dessinateur. Des ambassades danoises furent pillées en Prusse et en Autriche, d'autres furent brûlées comme en Suisse, au Royaume d'Italie ou au Royaume d'Espagne. Certains danois furent emprisonnés dans les geôles Françaises, sans autres prétexte que d'être danois, et Napoléon aurait envisagé d'envahir le Royaume de Norvège et du Danemark.
Pour calmer les tensions, le Royaume de Norvège avait fait des excuses publiques et répudié le dessinateur qui s'est exilé vers la Suède puis vers l'Angleterre.
Mais pourquoi reparler de ce dessinateur ? Nous venons d'apprendre qu’il vient d'échapper à une tentative d'assassinat à Londres. En effet, un jeune corse armé d'un couteau s'était introduit dans la propriété du dessinateur et ne fut arrêté par des Scottish Guards qu'à l'entrée de sa maison. Ce dessinateur plein de talent échappe pour une énième fois à une tentative d'assassinat.
L'Empire Français indique qu'il n'y a aucun contrat sur la tête de ce dessinateur et que tout le monde a oublié ce dessin. Mais certaines autorités anglaises pensent que Napoléon lui-même envoie des assassins pour liquider le malheureux artiste. À croire qu'une plume est plus forte que les baïonnettes.
Le Pacificateur