Un peu d'histoire...
Bataille de la forêt de Teutobourg :
« Vare, legiones redde »
Nous sommes en l'an 9 après Jésus-Christ, en Grande Germanie.
Une puissante armée romaine composée de 3 légions, la XVIIème, la XVIIIème et la XIXème, ainsi que de 6 cohortes d'auxiliaires, commandées par Publius Quintilius Varus, s'avance en territoire germain. Guidée par un jeune chef germain d'à peine 25 ans, Arminius, les romains, pensant réprimer un simple soulèvement, ne réalisent pas qu'ils vont au-delà du danger…
Varus est un homme politique et général romain qui vécut sous le règne de l'Empereur Auguste, premier empereur de l'Empire Romain. Ce dernier le nomme en 7 après JC Gouverneur de la Germanie avec pour responsabilité de maintenir la « Pax Romana » et de répandre la civilisation romaine dans les peuplades germaines. Un jeune chef d'une de ces tribus, les Chérusques, se présente comme l'allié des romains. Il se prénomme Arminius. Celui-ci a servi pendant longtemps dans l'armée romaine, il en connait donc tous les rouages, les points forts… et surtout les points faibles ! En automne de l'an 9, il informe le patricien romain qu'un soulèvement se prépare à l'intérieur des terres de Germanie à l'encontre de la domination romaine. En plus de cette information, pour montrer sa bonne foi, il offre son soutient et celui de sa tribu pour aider les légionnaires romains à écraser ce soulèvement.
Fort de ce soutien, Varus pensait surement s'avancer vers une victoire facile qui lui donnerait l'opportunité d'étendre les frontières de l'Empire Romain, et donc lui offrirait un triomphe. Il ordonne immédiatement la mobilisation de 3 légions romaines, ce qui représente environ 18.000 hommes bien équipés, de bonne constitution et bien disciplinés. Arminius fournit l'équivalent de 6 cohortes auxiliaires, soit environ 6.000 hommes. La force de Varus est donc estimée entre 20.000 et 25.000 hommes. Selon Arminius, les tribus que les romains auront à affronter sont des Marses, Chattis, Chauques, Sciambres et Bructères, ce qui représente un effectif d'environ 10 à 15.000 hommes (attention, tous ces chiffres ne sont que théoriques, le manque de sources et de récits ne peut que permettre d'avancer des estimations). Un rapport de force qui penche donc en faveur des romains, mais les germains sont connus pour être des guerrier redoutables et de plus les romains ne connaisse rien du terrain marécageux et boisés de la rive droite du Rhin… Cependant, Varus a une confiance totale en Arminius pour compenser ce manque.
Ainsi, la colonne romaine, telle un serpent de fer, s'ébranle en direction de l'est, dans les profondeurs de la forêt. Les cohortes d'auxiliaires forment les flancs de la colonne. Arminius mène celle-ci au milieu des marais, réduisant ainsi considérablement les possibilités de manœuvre des légions et diminuant la cohésion entre les légionnaires, fondement de leur puissance… Le serpent est vulnérable.
Arminius ordonne immédiatement à toutes les cohortes de rompre la formation et de se disperser pour rejoindre leurs compatriotes. Varus s'est laissé jouer ! La confusion s'installe dans les rangs romains et presque aussitôt, ils s'aperçoivent qu'ils sont piégés dans une immense embuscade, subissant une pluie de flèche et de lances meurtrières. Ceux qui rompent la formation en tentant de s'échapper sont impitoyablement exterminés. La colonne se désagrège, il n'y a plus de hiérarchie, c'est désormais du « chacun pour soi ». La quasi-totalité de l'armée romaine est anéantie, une poignée de braves parvient à atteindre un campement près de la ville d'Aliso et à échapper au carnage. Tous les généraux on été tué, Varus a préféré le suicide que de subir l'affront de porter la responsabilité d'un tel désastre. Pour comble de malheur, les 3 aigles des légions sont tombés entre les mains des Germains. Une légion qui perd son aigle est immédiatement dissoute et rayé des registres de l'armée.
La XVIIème, la XVIIIème et la XIXème légions subiront ce déshonneur…
C'est le désastre militaire le plus grand de Rome depuis la bataille de Cannes (216 av JC) et pourtant, les effets de cette victoire ne seront pas à la mesure du carnage. Sur le court terme, la bataille stoppa net l'expansion romaine sur la rive droite du Rhin et même si plus tard les aigles seront récupérées sous le règne de l'empereur Tibère, les romains ne tenteront plus jamais d’incursion en territoire germanique. Cependant, les Germains ne tirèrent aucun profit de cette immense victoire. Cette défaite ne fera aucunement vaciller l'Empire Romain et il continuera à s'étendre, jusqu'à atteindre son apogée aux alentours du IIème et IIIème siècle après JC.
Lorsque la tête de Varus sera apporté à l'empereur Auguste, il entra dans une colère noire et s'écria : « Vare, legiones redde ! » « Varus, rends-moi mes légions ! »…
Ferrey .