ÉDITORIAL
Bonjour à tous et merci d'être fidèles à notre Gazette qui fait paraître aujourd'hui sa 37ème Édition.
Notre équipe même si elle a toujours besoin de sang neuf, a la joie de voir revenir de glorieux anciens.
Nous avons également inséré quelques textes issus du concours que nous avions lancé il y a peu, concours de plumes, car la guerre n'est pas le seul attribut des hommes.
Nous vous apportons aussi quelques articles aussi divers que variés.
Nous espérons que ce nouveau numéro vous apportera autant de joie que les précédents et comptons sur vous pour nous rejoindre.
Bonne lecture à tous !
La Rédaction .
Citations
La politique est plus dangereuse que la guerre… À la guerre, vous ne pouvez être tué qu'une seule fois. En politique, plusieurs fois.
C’est une bonne chose de lire des livres de citations, car les citations lorsqu'elles sont gravées dans la mémoire vous donnent de bonnes pensées.
Winston Churchill
La Perle du mois
Fort de son expérience de chef de brigade, l'officier bouncer (prononcez "bounser") s'est amusé à critiquer un quarteron d'officiers de 19 ans en plein sommeil éthylique :
"Alors voilà les officiers de l'armée française? Des mômes?!"
Face à cette critique à leurs égards, les officiers insultés ont violemment attaqué le dénommé bouncer.
Nous passerons les insultes lancées par plusieurs journalistes, ne nous dirons pas leurs noms de craindre de froisser Osten et Pontmercy.
L'affaire fit grand bruit, les 5 officiers ont été jugés et sanctionnés.
Cependant, l'Académie française remercie bouncer pour sa contribution dans l'écriture de l'article "môme" dans la nouvelle encyclopédie, la voici :
Môme : Terme populaire. Gamin, petit enfant de 19 ans.
Anne Onyme
Chasse aux sapeurs
Depuis environ une semaine, les soldats français ont découvert une autre occupation que celle de guerroyer, et la Gazette se devait donc d'aller se renseigner afin d'en savoir un peu plus sur cette nouveauté. En tant que journaliste j'ai essayé de trouver le responsable mais je me suis vu répondre :
-Le responsable ? On le cherche justement.
-Vous le connaissez donc ?
-Oui c'est un sapeur russe qui se planque. Comme toujours…
Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que des sapeurs russes organisaient quelque chose pour les Français, aussi ais-je approfondis mon interrogatoire.
-Qu'on fait ces sapeurs ?
-Ils ont détruit un pont capital pour la Grande Armée et ce, alors que ce pont se trouve à même pas 10 lieues de nos campements !
-Vous voulez dire que des sapeurs ont réussis à s'infiltrer dans nos lignes ?
-A l'arrière de nos lignes oui, ces ********* (nous avons décidé de censurer ce passage) ont détruit ce pont pour la deuxième fois donc aujourd'hui on leur court après dans les bois.
-Ah ce nouveau sport ...
-Plaît-il ?
-Non rien, et que pouvez me dire sur ces sapeurs ?
-Nous en avons eu un mais l'autre se cache toujours dans les bois. Et nous avons mobilisé plus de 8 compagnies de tous régiments pour le retrouver.
-Ah c'est un sport collectif donc il y a une limite au nombre de participants ?
-Au contraire, on n'aimerait de l'aide pour le retrouver avant qu'il ne touche de nouveau à notre pont.
-Et des règles peut-être ?
-Oui celles de la guerre !…
AM
Rumeurs
"Je considère que nous ne sommes victimes d'aucun complot. Il n'y a pas de complot, il n'y a pas de vengeance, ça ne nous concerne en rien et on a tourné la page depuis belle lurette", a déclaré Marie-Louise d'Autriche aux journalistes d'Empire 1.
En effet depuis quelques temps, une rumeur court sur les infidélités de notre couple impérial. Alors qu'aucun journal patriote ne dévoile ces informations, les journaux russes et anglais se déchaînent sur ces rumeurs.
Mais quelles rumeurs, nous qui sommes si loin de France et ne parlant pas russe, quelles sont ces rumeurs ?
Elles sont simples, notre Empereur et notre Impératrice seraient tous deux infidèles ! Chose qui pour nous est impensable, mais les noms qui circulaient étaient tout de même crédibles. Marie-Louise aurait eu une liaison avec un proche ami, le chanteur Benjamin LaitBio, et notre Empereur avec la femme de notre ministre de la Culture Tristessoui. Tous ont bien entendu démenti, mais la rumeur s'est propagée comme une trainée de poudre, semant le doute au sein de notre Empire.
Notre Empereur ne s'est pas laissé faire et a demandé à notre bon Fouchet de mener une enquête pour savoir d'où serait partie cette immonde rumeur.
Après un mois d'enquête, de filatures et d'interrogatoires quelques peu poussés dira-t-on, les langues se sont déliées.
Cette rumeur viendrait, selon Fouchet, de notre ancienne Impératrice Joséphine qui se serait vengée parce qu'elle venait de perdre nombre d'avantages impériaux (carrosse impérial, cocher, gardes impériaux assurant sa sécurité, courriers impériaux prioritaires, ...).
"L'accusation qui dirait que les rumeurs viennent de l'ancienne Impératrice est là aussi une rumeur. Je n'y crois pas et elle reste tout à fait notre amie," insiste l'Impératrice Marie-Louise.
Bref, comme vous le voyez, rien n'est fondé, il y a rumeurs et contre-rumeurs, on n'y comprend pas grand chose, mais nous devions tout de même faire un article là dessus pour vous tenir au courant.
Hein ? Fouchet va m'envoyer au bagne pour avoir dévoilé cette affaire ? Mais non, ce n'est juste qu'une rumeur !
Le pacificateur
Casse-tête
Vous souvenez-vous de nos cuirassiers (voir gazette du 3 octobre) ? Nous avions également écrit que le Brésil était fortement intéressé par l'achat d'unités de cuirassiers. Notre ministre de la guerre s'était même rendu sur place avec un escadron du 1er Cuirassier, montant de superbes chevaux.
Mais la France n'était pas la seule à vouloir vendre ses troupes d'élite puisque les Américains voulaient eux aussi vendre des carabiniers, vantant leurs capacités de tireurs. Aussi un navire de la flotte américaine transportant un escadron de carabiniers a-t-il fait un matin une irruption dans la baie de Rio de Janeiro, un beau navire où 5 carabiniers paradaient sur le pont. Puis ils ont débarqués l'escadron qui a fait une démonstration.
Le gouvernement brésilien serait en négociation avec les États-Unis pour que ceux-ci aient un ou deux comptoirs sur son sol afin de contrer la puissance grandissante de la Royal Navy et de la France.
Mais ce n'est pas tout, car les Suédois veulent aussi vendre des dragons aux brésiliens en mettant en avant leurs capacités à pouvoir démonter pour lutter à pied, ce qui pourraient être pratique dans la jungle amazonienne. Aussi la Reine de Suède, qui je le rappelle est d'origine brésilienne (cela avait provoqué un scandale), a effectué un court voyage et a discuté avec le gouvernement brésilien. Officiellement, ils n'ont discuté de rien d'officiel, mais on peut se demander si la Reine n'a pas parlé des fameux dragons suédois.
Il ne reste plus à Napoléon qu'à finir cette campagne pour essayer d'aller vendre nos cuirassiers aux brésiliens. À moins que le Tsar ne l'accompagne pour vanter les mérites des Chevaliers de la Garde ?
AM
Problèmes de transport
La situation dans l'Empire Français devient critique ! Les mouvements fluviaux et routiers sont paralysés par les marins et les cochers qui refusent ou ne peuvent assurer les trajets. Les citoyens usagers sont bloqués et expriment leur désarroi face à une situation qu'ils ne comprennent pas.
Les deux voies de mobilité rencontrent en effet des soucis divers et le Français moyen a de quoi s'y perdre... ou pas, puisqu'il est bloqué !
Pour la poste, les calèches et autres relais terrestres, les conducteurs refusent tout simplement de faire leur travail car ils ont peur des bandits en pleine recrudescence, alors que l'Empereur est en Russie, et cela alors qu'ils bénéficient de nombreux avantages destinés à compenser les risques.
Pour les marins, le problème est tout autre : le nuage de cendres craché il y a peu par un volcan assombrit considérablement le ciel en Europe de l'ouest et rend la navigation en mer si hasardeuse qu'à peine un tiers des trajets est assuré...
En période de guerre, alors que les transports sont si cruciaux, peut-on se permettre de les voir ainsi sclérosés ? Ce n'est pas l'avis de la population, et le ton commence à monter...
G.P.
Dernière minute
On apprend de source sur que plusieurs de nos correspondants ont été arrétés ! Ils semblerait que cela se soit passé tant du coté Russe que Français ! Nos emprereurs se seraient-ils mis d'accord pour museler la presse ?
Nous vous demandons de manifester votre soutien à nos amis ! L'envoi de quelques colis leur serait de la plus grande utilité pour lutter contre le froid et l'humidité des géoles impériales.
Celui qui est libre
Vivat Caesarz!
Un singulier régiment de cavalerie accompagne la Garde Impériale dans cette campagne de Russie. Ces cavaliers portent un splendide uniforme bleu, qu'ils nomment eux même "Kurtka". Ils portent une coiffure tout aussi singulière, appelée "czapka". Et leur principale arme semble venue d'un autre temps, une lance de 2,75 m. Ces hommes sont Polonais, et forment le 1er Régiment de Chevau-Léger Polonais. Ce régiment fut créé en 1807 lors de l'entrée de Napoléon à Varsovie, séduit par leur fière allure.
Mais ils n'entrèrent dans l'Immortelle Phalange, et plus encore, dans la légende, qu’après avoir un accompli l'une des charges de cavalerie des plus glorieuses, en Espagne, le 30 Novembre 1808, à Somosierra.
En cette fin d'année, les affaires d'Espagne tournent mal pour l'Empereur, les journées du 2 et 3 Mai on montré à quel point la population espagnole était déterminée à ne pas accepter la présence Française. Le nouveau roi d'Espagne, Joseph Bonaparte, n'a pas la carrure que requiert la situation. Et enfin, le corps expéditionnaire de Junot est battu par les Anglais au Portugal, défaite qui sera suivie par la capitulation du corps de Dupont à Bailen, le 19 Juillet 1808.
L'Empereur décide de prendre les choses en main personnellement pour pacifier la Péninsule Ibérique. Le 3 Novembre à la tête d'une puissante armée composée des meilleurs régiments venant d'Allemagne, Napoléon entre en Espagne.
Quatre armées espagnoles tentent de lui barrer la route de Madrid dans le Pays Basque. Tentative qui se soldera par trois cuisantes défaites infligées par les généraux de Napoléon à Espinosa, Gamonal et Tudela. Moins d'un mois après son entrée dans le pays, Napoléon est quasiment aux portes de Madrid!
Le 30 Novembre, il arrive en vue du col de Somosierra, dernier obstacle majeur avant la capitale Espagnole. Celui-ci est tenu par une armée nombreuse - mais de qualité assez relative - de 13.000 hommes et de 4 batteries de canons disposées tout le long du défilé et commandées par Don San Juan. L'infanterie espagnole se retranche sur les flancs du col de manière à empêcher tout débordement.
Napoléon dispose quand à lui de la 1ère Division d'Infanterie du Corps de Victor, de la totalité de la cavalerie de la Garde Impériale, de la division de Dragons de La Houssaye, l'infanterie de la Garde étant en retrait. Des effectifs plutôt limités mais d'une grande valeur ! Et détail important, l'escadron de cavalerie de service auprès de l'Empereur aujourd'hui est le 3ème escadron du régiment de Chevau-Léger Polonais, commandé par Kozietulski et composé de... 150 cavaliers.
Le plan de bataille de Napoléon était assez simple, déborder le col avec l'infanterie pour couvrir l'avancée du reste de l'armée dans le col. Le 30 Novembre au matin, le brouillard tombe. Sur la droite, c'est le 9ème d'Infanterie Légère qui avance lentement avant d'être stoppé net par les tirs des "guérilleros". Même situation à gauche avec le 24ème d'Infanterie de Ligne. L'Empereur trépigne d'impatience, il envoie dans le défilé les Chasseurs à Cheval de la Garde. Ceux-ci ne parviennent pas à dépasser la première batterie. Cet échec irrita encore plus Napoléon, qui lâcha au major Ségur de porter l'ordre à l'escadron de service d'emporter la position. L'ordre tombe sec et il est sans appel !
Le commandant de l'escadron forma sa troupe "par quatre", s'avança au trot, puis s'élança. Les Polonais traversent un fossé, puis un torrent, et chargent dans le défilé. La poignée de cavalier attira tous les feux des espagnols en plus des batteries, mais malgré le déluge de feu, ils passèrent la première batterie, la deuxième et la troisième. Arrivés à celle-ci, un flottement se fit sentir dans toute la ligne ibérique, ce qui fut accentué par les assauts redoublés de l'infanterie française. Et lorsque l'héroïque poignée de cavalier arrive au somment du col et enlève la quatrième batterie, ils peuvent voir toute l'armée espagnole en déroute, fuyant, abandonnant tout son équipement ! San Juan essaya d'endiguer cette fuite, mais il fut littéralement emporté par ce torrent humain que la peur guidait. Il fut finalement attaché à un arbre et massacré par ses propres hommes…
Le résultat était stupéfiant ! En moins de dix minutes, la route de Madrid était ouverte ! Sur les 150 Polonais qui avaient chargé, 57 d'entre eux furent tués ou blessés. Quand aux Espagnols, le fait que le registre des régiments était quasiment non entretenu, et que certains des combattants furent des civils, avancer une estimation serait hasardeux, même si on peut imaginer que le nombre de prisonnier doit être important, étant donné que tout les colonels de la division furent capturés ! De plus, ils laissent sur le terrain 10 drapeaux, 16 canons, 30 caissons et environ 200 chariots.
Le lendemain matin, à Buytrago, Napoléon passe en revue le régiment sur un tapis de neige. L'Empereur remet huit croix de la Légion d'Honneur aux officiers de la troupe et huit autres aux sous-officiers. Se découvrant devant les Polonais, il déclara : "Vous êtes digne de ma Vieille Garde, je vous reconnais pour ma plus brave cavalerie !" Les Chevau-Légers venaient d'entrer dans la Garde, mais plus encore, dans la légende napoléonienne... Le 2 Décembre, devant Madrid, ils saluaient Napoléon aux cris de : "Vivat Caesarz !"
Ferrey
Machiavel, Le Prince
Petit extrait du livre fantastique de Machiavel, "Le Prince", qui porte sur les armées mercenaires, fortement utilisées pendant le XVème siècle.
"Les armées mercenaires sont inutiles et dangereuses ; et si quelqu'un tient son État en le fondant sur les armées mercenaires, il ne sera ni affermi ni sûr, car elles sont désunies, ambitieuses, sans disciplines, infidèles ; gaillardes parmi les amis et, parmi les ennemis, lâches ; sans crainte de Dieu, sans foi envers les hommes ; et l'on diffère d'autant plus la ruine que l'on diffère de l'assaut ; et dans la paix, tu es dépouillé par elles et, dans la guerre, par les ennemis. La raison de ceci est qu'ils n'ont d'autre amour ni d'autre raison de rester aux armées qu'un peu de solde, ce qui ne suffit pas à faire qu'ils veuillent mourir pour toi. Ils veulent bien être tes soldats tant que tu ne fais pas la guerre ; mais dès que la guerre vient, ils ne veulent que fuir ou s'en aller. Cette chose, je ne devrais pas avoir beaucoup de peine à la persuader, car aujourd'hui la seule cause de la ruine de l'Italie est que celle-ci s'est tout entière reposée, depuis maintenant maintes années, sur les armées mercenaires."
Machiavel
P.J.Osten
Météo
La pluie a fait son apparition sur le long manteau de neige glacée porté par les terres russes.
Le général hiver devra laisser la place à la princesse printemps !
En espérant que cela n'attise pas les pulsions viriles de nos soldats, il n'y a aucune femme à l'horizon et les animaux ont fui le champ de bataille ! Prudence oblige…
P.J.Osten
La Guerre est humaine
Pour certains, l'Homme est un être à part, dénué du sens des réalités, de modestie, de force morale. Pour d'autres, l'Homme est un être prodigieux, magnifique, aimant et travailleur.
Cependant, l'Homme a créé quelque chose de mauvais : la guerre.
La guerre n'est pas un acte isolé dans une situation quelconque, il s'agit bien évidemment d'une période de combats pour des buts politiques, économiques, sociaux et vitaux. L'Homme ne se bat pas pour le plaisir, non, la culture force les enfants à aimer la guerre. Dès que l'Homme a commencé à enterrer ses morts, une ère nouvelle a jailli : une ère de réflexion sur le monde. L'Homme s'est interrogé sur la vie après la mort, sur le fonctionnement de la vie et surtout, sur la manière de combattre. Au fur et à mesure que sa capacité à maîtriser la nature s'est améliorée, l'Homme a vu un nouvel ennemi, plus puissant et plus dangereux : l'Étranger. Celui qui a une culture différente, qui a tout ce qui est bon et qui est responsable de tout les maux. La seule façon de le combattre est à travers les armes.
Cependant, la plupart des tribus n'accordent pas une importance capitale dans les guerres tribales. L'Homme maitrise la nature au prix d'un effort et d'un travail constant. Pour ces tribus, la guerre n’est une source de virilité que lorsque l'on a suffisamment de ressources. Néanmoins, l'apologie du guerrier (être viril) commence à prendre de l'importance au sein de l'humanité naissante. Le guerrier est le seul être à défendre sa tribu.
Ce n'est que lorsque la population humaine a commencé à croitre et à grandir, que le terme armée est apparu. Le nombre de guerrier a grandi, il fallait regrouper ces combattants dans une nouvelle structure innovante pour maximiser la force brute de chaque unité.
Sumer est le berceau de la première cité. Le regroupement de talents permit à cette modeste citée de développer la technique dans tous les domaines, de même que celui du militaire.
L'épée, la hache et l'arc furent intégrés dans cette modeste armée de sumériens, prêts à obéir à leurs chefs, prêts à conquérir de nouveaux territoires et prêts à propager une nouvelle invention humaine, qui fera craindre et jouir à la fois l'humanité entière jusqu'à sa fin, la guerre.
P.J.Osten
Le rapport
Mes respects, mon Colonel,
Rapport d'activité du vendredi 2 avril 1812.
10 h : Les hommes sont tous levés. Nous commençons les soins des hommes. Irina, l'infirmière que vous nous avez trouvée, fait des prodiges. Elle a réussi à remettre sur pieds 15 de nos hommes. Il est vrai que la seule vue de son fondement réveillerait un mort.
11 h : La colonne de ravitaillement est de retour. La moisson est mauvaise aujourd'hui. Seulement deux marmites de bortch et trois tonnelets de vodka.
12 h : Les hommes ont allumé le feu pour réchauffer le bortch. Par défaut de surveillance, le feu est trop fort et les deux marmites de bortch sont brulées. Ils se jettent sur les tonnelets de vodka.
15 h : Je suis seul à être debout. Les hommes essayent péniblement de se remettre de ce repas peu équilibré !
16 h : J'ai attrapé Ievgéni. Il avait coincé l'infirmière dans un coin de la mine et voulait vérifier la profondeur de son fondement. Je lui ai rappelé les prérogatives de mon grade.
18 h : Malgré toutes mes tentatives, je n'ai pas réussi à mesurer la profondeur de notre brave infirmière. Je dois reconnaitre sa bonne volonté. Mais, visiblement l'outil de mesure est encore insuffisant.
19 h : Une nouvelle colonne de ravitaillement arrive. Elle apporte du pain. Seulement du pain. Les hommes sont catastrophés. Notre réserve de vodka va baisser ce soir.
20 h : J'intercepte quelques morceaux de pain pour les donner à l'infirmière. Tout à l'heure, elle me disait (je cite exactement, mais sans l'accent, car pour une raison que je n'explique pas, elle avait du mal à parler) : "Du pain, il y a trop de viande".
21 : Fin de la rédaction de mon compte rendu. Je pars porter le pain à l'infirmière.
Bonne soirée, mon Colonel.
Adjudant gogol, commandant la 19742ème Compagnie de l'Armée Russe
Le juge masqué
Les Hoplites
Nous sommes en 490 av. JC. L'armée d'Athènes a défait l'invincible armée perse partie conquérir la Macédoine, sur la plage de Marathon.
La victoire de la glorieuse cité d'Athènes ne repose pas sur le nombre mais sur la qualité de ses troupes, plus particulièrement sur l'infanterie où coagule une myriade de soldats appelés Hoplites.
Ce fantassin ne déroge pas à la particularité de l'époque. Le soldat doit se fournir en armes à ses frais. Les armées se décomposent ainsi en caste de soldats dont la différence entre ces classes se base sur la richesse individuelle.
L'hoplite se distingue des autres fantassins. En effet, son armure est complète : un casque métallique surmonté d'une aigrette, un plastron pour le torse appelé thorax, les tibias sont pourvus de plaques ajustés (les cnémides) et surtout le bouclier si caractéristiques de ces fiers soldats : le bouclier rond (le hoplon). Néanmoins, son armement reste classique : une lance de 2 mètres et une épée courte pour le corps à corps.
Si son armement reste ordinaire, l'hoplite se sépare des autres soldats de l'époque par le regroupement de ses collègues dans des formations appelées Phalanges.
La tactique de la phalange consiste en un mur de lances érigées par les hoplites regroupés dans un ordre précis :
Chaque rangée voit les soldats (généralement 8) avec le bouclier sur le bras gauche et la lance dans l'autre main. La première place à droite sur la première rangée, celle qui est la plus exposé et la plus honorable, est réservée au commandant de la phalange. Les autres lignes ont le devoir de remplacer les tombés de la première rangée et de former de même un mur de piques.
La phalange est avant tout une formation préservant et reposant à la fois sur la cohésion et l'unité de ses membres. La compacité est le garant de la phalange : tout repose sur la garde de la structure initiale. Une brèche dans la phalange ruine toute capacité à résister aux chocs donnés par l'ennemi.
L'attaque de la phalange, appelée "poussée" (l'ôsthismos) consiste à toujours présenter une forêt de pointe sur l'ennemi protégé par une rangée de bouclier, tout en avançant.
La force de combat de la phalange est exemplaire, l'ennemi s'acharne contre une myriade de lances tout en accusant de nombreuses pertes. Même si les soldats ennemis arrivent à atteindre la première rangée, ils doivent faire face à des soldats très bien équipés et rompus au combat.
La défaite de l'armée perse est simple à expliquer, celle-ci repose sur le nombre et sur l'aura d'invincibilité qui plane autour d'elle. La phalange avec ses glorieux hoplites a eu raison de son arrogance.
L'innovation est le premier pas qui mène à la victoire.
P.J.Osten
Le jury
Chers lecteurs, comme vous le savez, le Deuxième Concours Littéraire de la Gazette vient d'être récemment attribué. Vous trouverez ci-dessous, grâce à un tavernier grassement rémunéré, le récit que nous avons réussi à avoir de l'attribution du trophée.
Pour commencer, nous allons vous présenter les membres votants de la gazette. À tout seigneur tout honneur, nous commencerons par le rédacteur en chef, Georges Pontmercy ! Vous le connaissez tous. Sous des airs plutôt taciturnes, il est en fait plutôt joyeux drille, comme vous le verrez plus tard. Ensuite, le vieux juge Tchekov. Cela dit, il ne fait pas son âge. Il fait plus ! Seuls ses yeux montrent une activité intense. Non pardon. Son coude aussi. Évidement, Pierre-Jacques Osten vous est lui aussi familier. Après une permission bien méritée, son retour nous a permis de débloquer le vote. Et enfin, le dernier et aussi le plus jeune des membres, Argenthur, à la répartie aussi vive que sa réflexion.
Nous sommes lundi 29 mars. Les quatre hommes sont réunis à la taverne dans une salle de l'étage. Les assiettes sont vides, les verres pleins et quelques bouteilles allongées sur le sol, montrent que l'état des verres a subit des variations régulières. Tchekov semble soudain sortir de sa torpeur. Il attrape son verre, le vide et prend la parole :
" Messieurs, il est temps de passer aux choses sérieuses. Nous ne sommes pas réunis pour un simple déjeuner entre amis. Je vous rappelle que nous devons déterminer le vainqueur du concours ! J'espère que vous avez tous lu les textes. "
Subitement, les trois autres qui discutaient jusque là avec bruit se taisent. Osten baisse les yeux, Georges semble observer une mouche volant dans un coin tandis qu'Argenthur intervient :
"Nous avons quoi ? Lu ? Mais Tchekov, tu nous avais dit que tu faisais tout !"
Devant l'air ébahis du vieux juge, les trois hommes éclatent de rire.
Pontmercy intervient alors :
"Évidement que nous avons lu les textes. Tiens, voici mes notes."
Il sort un papier soigneusement plié de sa poche, sur lequel Tchekov pu lire les notes de chaque texte, avec des critères précis et des commentaires.
Pendant ce temps, Argenthur sort trois petites feuilles, légèrement chiffonnées :
"Voici les miennes. Excusez-moi, mais avec la rudesse des combats actuels, j'ai du faire cela entre deux déroutes de mes unités ! J'ai eu un peu de mal à me concentrer."
Pierre-Jacques Osten lui sort aussi plusieurs papiers griffonnés d'une écriture mal assurée :
"Quant à moi, j'ai fait cela dans la diligence en revenant de permission. J'étais coincé entre deux comtesses fort curieuses ! La concentration fut difficile à trouver. Surtout avec celle de droite !"
Tchekov pris les documents et les lut avec attention. Régulièrement, il attrapait son verre, le vidait et comme un automate le remplissait ensuite.
"Voici donc les résultats, si mon analyse est bonne :
Zuchi : 7,75 de moyenne pour son premier texte.
Toutchkov : 4,25 de moyenne
didier de Castillon : 7,25 de moyenne
Zucchi : 8,13 de moyenne pour son second texte
Anatole le Braz : 8,63 de moyenne
Chaudard : 8 de moyenne."
Comme vous le voyez, finalement, c'est assez simple, une bonne table, de la vodka à volonté et quatre hommes de bonne volonté suffisent.
Maintenant, prenez plaisir à lire les textes qui paraissent dans votre Gazette préférée !
Le juge masqué
Place au concours !
Nous vous laissons maintenant dans les écrits fabuleux des 3 premiers officiers participants.
Bonne Lecture !
La Rédaction
"Dures décisions"
Matin du 23 janvier.
Il fait froid, la neige recouvre l’ensemble du paysage. Un silence de glace, pesant et angoissant, fige les hommes. Même les chevaux n’osent pas hennir.
Mes cuirassiers et moi arrivons prés de la ferme Smirnov. Cela fait 4 jours que nous harcelons la compagnie du lieutenant De St-Cyr et celui-ci semble avoir abandonné la zone. Nous entrons dans la ferme et des civils Russes viennent nous accueillir.
- Monsieur l’officier, les Français sont partis mais ont considérablement entamées nos réserves. Ils se dirigent vers le sud-est. Ils sont à une demi-journée d’ici, à cheval.
Je regarde celui qui semble être le propriétaire de la ferme.
- Monsieur, nous avons combattus les Français ces derniers jours, mais notre mission est de ramener des vivres sur notre front principal. Nous allons devoir réquisitionner ce qu’il vous reste de vivres.
L’homme me regarde, ébahit :
- Monsieur l’officier, nous sommes du même camp. Nous avons ici plusieurs dizaines de réfugiés. Nous les avons cachés dans le bois à l’ouest de notre ferme. Si vous prenez ce qu’il nous reste de nos stocks de vivre, nous sommes voués à la mort !
Mes hommes attendaient mon ordre de réquisition et moi, pantois, je tardais à me décider. Les ordres étaient clairs, mais comment pouvais-je sacrifier des civils, des frères russes ?
- Monsieur, quel est votre nom et quelle est votre fonction en ce lieu ?
- Je suis Vladimir Stéthoscope, propriétaire de cette ferme.
- Quel est l’état de vos réserves ?
S’adressant à l’un de ses ouvriers :
- Yvan, quel est l’état de nos réserves ?
Après un long moment :
- Monsieur, voici ce qu’il nous reste.
Vladimir après lecture, s’adresse à moi.
- Il me reste 23 cochons, 134 poules, 48 lapins, 57 canards, 70 sacs de blé, 45 d’orge, 98 ballots de paille et 73 de luzerne. Je vous rappelle que nous sommes plus de 200 hommes et femmes à nourrir. De grâce, épargnez nous !
Ce Vladimir commençait par m’agacer.
- Monsieur, nous sommes en guerre, dois-je vous le rappeler ? Sans notre intervention ce sont les Français qui auraient profités de vos réserves. Nos hommes meurent en ce moment pour défendre notre pays et vos terres. Vous devez donc participer à l’effort de guerre. Par contre, j’entends bien vôtre démarche à accueillir des réfugiés. Aussi ne vais-je pas tout réquisitionner.
Me tournant vers mes soldats :
- Messieurs, vous récupérez tous les chariots possibles. Nous prendrons 16 cochons, 100 poules, 35 lapins, 45 canards, 55 sacs de blé et 38 d’orge. Il faut aussi 85 ballots de paille et 65 de luzerne. Que 3 hommes aillent tenter de rallier des réfugiés, ils conduiront les chariots en attendant d’être incorporés au sein de l’École Militaire Russe. Faites vite, nous devons rejoindre nos lignes avant un retour en force des Français.
M’adressant à Vladimir :
- Je ne peux faire mieux Monsieur, la guerre est la guerre. Veillez à cacher ce qu’il vous reste au plus vite. Nous allons quitter la zone et les Français ne vont pas tarder à revenir. Dites moi, qui est ce jeune homme à l’entrée de votre ferme ? Il me semble être en âge de porter les armes.
- C’est mon fils Igor, Monsieur l’Officier, il vient d’avoir 15 ans.
Je venais de prendre tant à cet homme que je n’eu le courage d’en demander d’avantage.
- Veillez à le protéger, je ne suis pas certain de réagir de la sorte s’il m’est donné de revenir en ce lieu.
Mon adjudant me prévint que tout était chargé.
M’adressant à Vladimir,
- Monsieur, bien qu’ayant certainement abusé de vos biens au nom de la réalité de la guerre, je vous salue !
- Solllllldats, en avaaaaaaaant, maaaaaaaaarche!
Didier de Castillon
"Au bal"
‘Mais qu’est ce que je fais là ?’ Cette question me taraudait depuis mon départ du camp dans cette calèche de grand chemin. Les ordres, les ordres. ‘Capitaine Adjudant-Major Zucchi, pour vous féliciter et représenter le 3ème Régiment…’, qu’ils disaient. Et bien la prochaine fois, je resterai avec mes hommes. Je revois leur visage et leur regard quand je suis sorti de ma tente habillé de la sorte, j’avais l’impression d’être un Colonel de l’État-Major de Berthier, poudré, fardé… Je préfère définitivement la terre et la poudre noire, cela me va mieux au teint !
En effet, je n’ai pas toujours dit cela lorsque mon père organisait des soirées estivales dans notre palais vénitien. J’aimais alors me préparer, réfléchir à mon habit, commencer à m’enquérir des invitées pour savoir qui j’allais courtiser. Certains me trouvaient alors bon danseur. Mais que de temps passé depuis ! La fin de la Sérénissime, mon engagement dans les troupes italiennes, mes premières batailles, mes premiers morts, et là, entre le jabot et les bas que m’avait dégoté, de je ne sais où, mon officier supérieur Jean Monferrat, me revoilà dix ans en arrière. Et mon brave Adjudant Paollucci, qui m’accompagne jusqu’à cette ‘brouette couverte’, ce summum de mauvais goût et de l’inconfort de la création humaine, ‘la calèche’. Que dire du contraste entre lui et moi ? Que vont penser les hommes que je croise ? De quel sobriquet vont-ils m’affubler dorénavant ? Arlequino ? Buffone ? Et que dire de mon autorité sur eux ?’
Alors embrumé dans des considérations diverses et variées sur les futures punitions qu’il allait infliger à ses hommes au premier ricanement à son endroit, le ‘brise rein’ s’arrêta. Remettant une dernière touche d’ordre à son habit, les bonnes vieilles habitudes lui revenaient. Il écarta le rideau et découvrit où avait lieu cette soirée. Il lui sembla s’agir d’un palais russe entouré de torchères et de braseros où se concentraient des Gardes Impériaux transis de froid. Il descendit prestement et se dirigea vers un majordome qui aidait une ‘matrone’ russe à descendre de sa voiture. L’assemblée présente, figée, en attendait le dénouement. En effet, on sentait la difficulté de la tâche de ce pauvre homme, à la rougeur de ses joues mais surtout à une veine, dans son cou, qui prenait un volume stupéfiant, signifiant par là sorte qu’il commençait à avoir le souffle court et que si cette invitée encombrante ne réussissait pas à se stabiliser rapidement, cette scène allait se terminer pour l’un comme pour l’autre dans les dentelles, la neige et la boue. Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de Zucchi. Bien que curieux de voir la fin de ce spectacle, une présence lui fit cependant détourner le regard. Son invitation ? Ha voilà autre chose ! Qu’en avait-il fait ? Plus il cherchait et plus le majordome, face à lui, prenait un regard sévère. Après quelques instants qui lui parurent une éternité, il extirpa de son veston, d’un geste victorieux, le fameux laissez-passer et le tendit au préposé qui lui indiqua l’entrée officielle. Alors qu’il se dirigeait vers les portes, il entendit un bruit qu’il reconnut immédiatement. Ainsi les festivités commençaient déjà et il était en retard.
La salle dans laquelle se tenait cette mascarade était fort agréable de par ses volumes imposants. Les dorures, quoique défraîchies à y regarder de plus près, donnaient, grâce aux lueurs impromptues des bougies, de la prestance à ce lieu.
Ne connaissant personne et désirant faire bonne figure, il se rua sur le buffet et demanda dans l’instant une coupe de champagne à un préposé au service passant par là. ‘Il n’y en a plus’, lui répondit l’effronté. ‘Et qu’ai-je entendu en entrant alors, l’Empereur essaierait-il de rendre définitivement aveugle Masséna ?’
Décidément la chose militaire lui faisait perdre ses repères de civilité dans le grand monde.
À cet instant, le silence se fit, obligeant Zucchi à se retourner. Il découvrit en haut du grand escalier Sa Majesté dans son habit de Colonel. Après un bref discours de félicitations, il fit demi-tour et partit dans les étages, plutôt bien accompagné. La musique commença et Zucchi grommela tout bas ‘encore une musique polonaise : une mazurka !’
Attendant, adossé à un mur de la salle, une musique plus italienne, il ne put s’empêcher de remarquer une belle et jeune courtisane de l’autre côté de la salle qui le regardait. ‘Et bien,’ pensa-t-il, ‘voilà de quoi rendre plus agréable cette soirée !’
Après un bref déplacement vers le buffet pour contourner la piste où s’élançaient avec rythme bon nombre d’invités, il fut stoppé par un attroupement autour de deux officiers qui apparemment avaient trouvé le champagne et qui se querellaient avec les serveurs. Ayant mieux à faire et ne voulant pas s’interposer entre un assoiffé et sa boisson, il convint de traverser rapidement la piste de danse.
À peine avait-il fait deux mètres sur cette dernière qu’il fut agrippé par le bras. Se retournant brusquement, il ne put cacher sa surprise lorsqu’il vit la ‘matrone’ de tout à l’heure l’entraîner sur la piste. Ainsi commença la plus terrible danse à laquelle il fut convié. Quoique ses traits fussent plutôt avenants, elle prit dès les premiers pas un visage crispé et rougeaud qui gâta immédiatement le plaisir que ces quelques passes auraient pu lui procurer. La mazurka redoublait de vigueur à l’instar de sa cavalière qui maintenant commençait à rire aux éclats et surtout à transpirer de plus en plus. Après quelques minutes, la pauvre dame ruisselait de tout son corps et l’on sentait la fatigue la gagner. Ses gestes devenaient de moins en moins précis et du coup, cette danse se transforma vite pour Zucchi en un violent corps-à-corps. En effet, à chaque rapprochement du coude, des hanches, des pieds, les coups pleuvaient. Sa cavalière s’excusant tout d’abord en Russe, puis en Français que Zucchi fit mine de ne pas comprendre tant il souhaitait la fin de cette empoignade. À cet instant, il fut pris du regret que ce brave majordome qui avait aidé ‘la matrone’ à sortir de sa voiture tout à l’heure n’ait pas failli à sa tâche.
Enfin, la musique s’arrêta. Zucchi, sain et sauf, salua la dame en gentilhomme italien et s’éloigna, toujours à la recherche de la nymphe qu’il avait entraperçue tout à l’heure. Après quelques minutes de recherches infructueuses, il en vînt à penser que l’oiselle s’était envolée avec un autre officier. Devant ce constat et ses quelques maux aux pieds, aux côtes et aux hanches, il revint vers le buffet où il commanda de la vodka, sûr au moins qu’elle figurait dans les boissons proposées.
Soudain une voix passa au dessus de la foule hurlant : ‘Capitaine une missive de Jean Monferrat !’ ‘Mais de quoi parle-t-il ?’, pensa Zucchi. Ouvrant lourdement un œil, il vit son adjudant Paolucci face à lui, un peu désemparé, un pli à la main. Il s’extirpa de sa couche avec quelques difficulté, tant il était embrumé par ce rêve étrange qu’il venait de faire et en même temps rassuré de voir qu’il ne s’agissait que d’un cauchemar. Il prit le message qu’on lui tendait, le décacheta et le lut.
‘Monsieur,
Je vous prie de me rejoindre à mes quartiers dans les plus brefs délais, vous êtes conviés par l’Empereur lui-même à un bal ce soir pour vous féliciter pour votre courage et votre engagement.
Jean Monferrat
Commandant du 3ème RIL’
Zucchi
"lettre d'un infirmier"
Ma Chérie, je te donne de mes nouvelles,
Je suis actuellement en arrière ligne à la suite de grosses pertes dans nos rangs. La bataille fut sanglante, nous attaquions à deux contre un, alors qu'ils y a trois jours, nous tenions tête à nos ennemis d'en face.
Les Autumnois ne nous ont pas laissés de répits. Au début, nous avions l'avantage, nos deux compagnies avançaient de bon pas et le moral était au beau fixe. Les canons qui de notre artillerie pilonnaient le camp adverse et leur faisaient des milliers de morts. Le Capitaine Toutchkov l’avait prévu, c'est deux compagnies sur le champ de bataille.
Nous marchions ensembles et dernière nous il y avait une surprise pour les bleus, notre cavalerie attendait l'ordre de charger l'ennemi.
Rien n'a fonctionné comme le plan prévu car deux compagnies adverses surgirent de tous cotés, ce qui prit notre cavalerie à revers et ne put tous les contenir. Ce fut l'horreur et un carnage, et ce fut eux qui envoyèrent à la charge une de leur de cavalerie par la droite, ce qui nous surpris d'avantage.
Le Capitaine Touchkov fut obligé d'annoncer le recul des troupes car nous étions submergés par les compagnies adverses de tous cotés.
Dans notre recul, nous nous sommes installés dans un petit hameau abandonné, ce qui nous permit d'avoir de quoi nous protéger en attendant des renforts.
Je te rassure, je n'ai rien. Pas comme Dédé, mon pote infirmier, qui a reçu un éclat d'obus en pleine figure, ce n'est pas beau à voir. Ses jours lui sont comptés. Ce matin, je suis allé chercher le prêtre car il va de plus en plus mal.
Aujourd'hui, c'est un jour pas ordinaire. À la suite d'un entretien avec le capitaine Toutchkov, lui-même touché au bras par un coup de sabre, il m'ordonna d'aller voir sur le champ de bataille pour ramener des soldats qui seraient encore en vie.
Avec nos six brancards, nous sommes allés voir et nous avons récupéré un capitaine du Régiment des Autunnois fort mal en point lui aussi. Je fais de mon mieux pour qu'il survive, même si c'est un ennemi. Nous pourrions en tirer des informations précieuses sur leur position et leurs intentions, voire même un échange avec des soldats prisonniers russes.
J'averti le capitaine Toutchkov immédiatement de notre découverte. Il me suivit jusqu'au prisonnier et essaya de le faire causer.
C'est là que le Capitaine Toutchkov appris que l'un des officiers dans nos rangs n'était qu'un espion Français, le Sergent Bonneterre. C'est une personne que j'ai eu l'occasion de soigner lors de la bataille auparavant. Il était dans la deuxième compagnie. C'était un bordelais grand et vaillant, et la nuit précédente, il se serait enfuit de la compagnie pour annoncer notre mode opératoire sur le combat d’hier à nos ennemis. Le Capitaine demanda à l'adjudant de la seconde compagnie de le mettre aux arrêts. Il prit possession de ma table, me demanda du papier et une plume, et il écrivit une missive pour les gendarmes afin d'en informer le Haut État-Major de cette malheureuse affaire, et de faire en sorte qu'il soir sévèrement jugé et punis.
Nous avions aussi trouvé cinq de nos camarades. Ces pauvres bougre on passé la nuit dans le froid et dans la neige. L'un deux sera amputé d'une jambe car la gangrène s'y était installé. Tu sais, ce n'est pas beau à voir, tous ces corps déchiquetés. J'ai même vu un cheval dans un arbre ! Tous ces pauvres soldats qui ne verront pas leur famille. Et cette puanteur, l'odeur de poudre mélangée à la sueur, les sols sont rouge sang… Enfin c'est bien triste tout cela. Et cette guerre qui n'en finira jamais !
Cette défaite subie hier a mis beaucoup de soldats en déroute, et nos gendarmes en on arrêté six qui seront fusillés, car dans leurs débandade, ils ont tué un gendarme et il était bien stipulé que tout soldats fuyant le champ de bataille sera fusillé sur le champ.
"Ordre du Tsar en personne"
Pauvre gars. Après toutes les horreurs vécues sur les champs de batailles depuis le début de la guerre, je comprends leurs réactions. Mais si tout le monde faisaient comme eux, ce serais la débâcle.
Le Capitaine Toutchkov a reçu l'ordre de ses supérieurs de choisir dix hommes pour constituer un peloton d'exécution. J'en ferais, hélas, partie !
Cela mais dur de me dire qu'il va falloir tuer un ami. Ma Katia, je t'écris cette lettre les larmes aux yeux car dans les condamnés, il y a ton cousin Vladimir. Cela me peine de te le dire.
Le lendemain, nous avons été mis en colonne. Devant c'est des pauvres bougres mis le long d'un mur. Nos fusils étaient chargés, nous étions au garde-à-vous et le Capitaine Touchkov, le bras en écharpe et le sabre en l'air de la main gauche, donna l'ordre de mettre en joue et de tirer. Une chance, je n'avais pas Vladimir en face de moi car je ne sais pas si j'aurais tiré.
J'en ai pleuré toute la nuit. Perdre un aussi bon gars, c'est dur. Sache que je t'aime et je fais de mon mieux pour rester vivant, et j'attends avec impatience la fin de cette maudite guerre qui tarde à en finir
Je t'embrasse,
Ton bien aimé mari,
Sergeï
Touchkov
Les malheurs de...
Non, cet article n'est pas là pour vous décrire les malheurs de notre grande armée qui est en train de reculer comme jamais et abandonne Polotsk. Il ne s'agit pas non plus des malheurs de notre Empereur qui commence à comprendre que la Russie ne sera sans doute jamais conquise. Non, rien de tout ça.
Cet article va vous narrer les malheurs d'un homme, d'un homme très important. Il s'agit des malheurs de notre sélectionneur de polo, Robert Demonech.
Et oui, le premier tournoi international de polo approche et notre sélectionneur n'a toujours pas donné les noms des cavaliers participants, le choix est déjà difficile et de nombreux problèmes sportifs et non sportifs viennent en plus le compliquer.
En effet, notre pays compte de nombreux joueurs de valeur évoluant dans des clubs étrangers et lors d'un match européen, notre célèbre William Gelas (buteur face à l'Irlande) se blesse et risque de ne pas pouvoir jouer le tournoi alors qu'il est une pièce essentielle de notre sélectionneur. Cette blessure, à laquelle s'ajoute celle d'Eric Adeuxballes, mit fou de colère notre Robert qui prévient tous les autres joueurs de notre équipe nationale: "Un joueur qui ne serait pas en état de jouer le 18 mai ne viendra pas au tournoi. Je ne lui demande pas d'avoir joué des matches, seulement d'être en état de s'entraîner, de se préparer. On connait exactement les problèmes que posent les joueurs blessés pendant une préparation et une compétition : une catastrophe".
Malheureusement, on ne peut empêcher un cavalier de jouer à son sport et la blessure fait partie des risques.
Mais l'autre problème qui vient d'éclater depuis une semaine est extrasportif et jette un froid et des questions sur notre équipe de cavaliers.
Depuis une semaine, une affaire de police impliquerait 4 cadres de notre équipes et 4 bons cadres, François Riberry, Sylvain Gonous, Ben (Benjamin) Zeta et Ben Ardo. L'affaire de police est une affaire dans proxénétisme et proxénétisme avec mineur dans lequel nos joueurs sont entendus comme témoins seulement, mais elle pose de nombreuses questions sur le sérieux de nos joueurs. Alors que trois des joueurs nient toute implication, François Riberry lui avoue avoir eu des relations avec la prostituée mineure mais nie qu'il était au courant de son âge, chose que l'on peut admettre. Cette affaire nous montre-t-elle les limites du sport à haut niveau où les joueurs se considèrent comme des rois ou des empereurs et que tout leur est permis ? Cela devrait faire l'objet d'un autre article.
En tout cas, cela ajoute aux malheurs de notre Robert Demonech qui doit former une équipe solide pour le futur tournoi. Nous aurons la réponse très prochainement puisque l'annonce des 23 cavaliers le 11 mai, jour de la Sainte Estelle. Tiens ? Ca ne serait pas le jour de la fête de notre consoeur et épouse de l'entraineur ? Euh non, j'ai rien dit.
Le pacificateur
Avis aux Lecteurs
Nous sommes toujours ouverts aux écrits de nos lecteurs ainsi qu'aux critiques constructives.
Après tout, il s'agit de votre Gazette !
Nous remercions chaudement Ferrey, Le Pacificateur et les autres officiers pour leurs écrits.
A la prochaine !
La Rédaction
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