Deux mois. Voilà près de deux mois que je suis en Russie. Je me rappel être arrivé pendant cette quatrième campagne en tant que sous-lieutenant. J'étais un des conscrits de 1809, et depuis mars 1810, je faisais la guerre en Espagne. Jusqu'à février 1813.
A ce moment là, c'était la fin de mon congé. J'avais reçu cette lettre, qui signifiait souvent la mort. Beaucoup de personnes que je connaissais étaient partis là-bas, très peu en était revenu. Il se racontait que un million d'hommes avaient péris dans ces étendus glacés. Ceux qui était revenu était devenu méconnaissable. Selon eux, c'était une horreur. Mais tout ce qui était partit n'était que soldat. Les sous-officier ou officier revenu de la guerre, je n'en connaissais pas.
Donc, en mars 1813, je partis avec plus de cinq-cents milles soldats en renfort pour la Russie
C'est en méditant que je pensais à cela. Sur les routes, j'avais en charge deux régiments de deux cents hommes chacun. Des régiments d'infanterie de ligne.
Le régiment que je commande se trouve à Lokniza. Les routes sur lesquels je passe sont relativement propre, mis à part la boue laissé par les pluies. Mais plus loin, vers le front, les terres et les routes sont parsemés de cadavres. Certains sont là depuis l'hiver, depuis janvier.
Mon régiment, stationné dans la ville depuis hier, 7 mars 1813, se livre à des pillages et à des massacres. Comme à chaque fois. Les hommes pillent les maisons et les cadavres de paysans russes, qu'ils ont parfois tués eux-mêmes, pour trouver de la nourriture et des vêtements chaud.
La guerre fait faire des horreurs. J'ai moi-même mangé mon cheval quand il faisait trop froid, car j'avais faim.
C'est pour cela qu'il faut que je reprenne ces hommes en main. Il faudra, comme à chaque fois, sévir, voir fusillé, ce qui ne m'arrive que très rarement, heureusement.
Je vois ces soldats, sur les bords de la route, dans leur bivouac. Très peu sont joyeux, ils savent où ils vont. Beaucoup vont mourir, des milliers, pour leur patrie, pour la France, pour l'Empereur. Chacun se dévoue à lui, mais les horreurs de cette guerre nous font oubliés cela.
Tous les hommes ont peur. Même moi. J'ai été si souvent sur le front, quelle est cette chance qui m'empêche d'avoir une balle dans la tête ? Qui sait si les Russes ne sont pas déjà derrière nos lignes, en train de nous prendre en revers ? Qui sait si ces paysans, massacrés et pillés depuis plusieurs mois ne vont pas se soulevé contre la Grande Armée ?
Nous ne sommes sûrs de rien, voilà pourquoi nous avons peur de tout.