par Poniatowski » Mar Juil 07, 2015 10:38 am
Le capitaine Poniatowski, prince polonais se battant pour la France, venait de rejoindre les abords de Brasov avec son régiment d'infanterie de ligne de Pologne. Les combats étaient âprement disputés, là ou sans cesse affluaient les divisions de la Garde russe, qui entendaient bousculer les maigres défenses françaises. Ayant à peine mit pied à terre, on l'enjoignait déjà à fixer les baïonnettes et préparer la charge. Alors même qu'il mettait en place ses compagnies, un hussard le rejoignit au triple galop. Il avait le visage blême, le bras en écharpe, et tenait probablement en selle uniquement par la force d'un courage tout polonais. Blafard, le hussard s'adressa à l'officier :
- Monsieur, vos lanciers ailés qui participaient à la défense d'Orastie ont été dispersés. Les rescapés soignent leurs plaies. Quels sont vos ordres ?
L'officier, à la fois sceptique et en colère, demanda sévèrement au cavalier :
- Quel compagnie russe se targue d'avoir mis à mal nos compagnons ?
- Un officier russe du nom de Vladinski, aux ordres du Lieutenant Antigny. De manière incompréhensible, ses soldats hurlaient "Hourrrah !! Le loup est mort !"
C'est alors que l'officier polonais eu souvenance des propos échangés avec son camarade Loup Blanc alors qu'ils faisaient le coup de feu ensemble à Campina. Une étrange histoire de querelle, et de duel à mort entre lui et le russe Antigny. Il hurla alors :
- Quoi ! Le russe, non content de sentir la vodka à plein nez, se met maintenant à confondre les plumes de nos ailes avec les poils de Loup ? Il va falloir corriger leur myopie !!!
Ayant donné ses ordres au hussard exténué, il se retourna vers ses hommes. Il s'occuperait de sa vengeance après l'attaque du matin. Faisant marche vers les carrés russes qui barraient la route de Brasov, un détail retint son attention. Oui... Il n'en croyait pas ses yeux... Au milieu de la ligne russe, se trouvait la compagnie du russe Antigny lui-même ! La vengeance serait finalement un plat à manger à chaud cette fois-ci. Il sonna la charge :
- En avant mes braves, agrandissons les trous des yeux russes à défaut de leur apporter des lunettes !
Les Polonais hurlants chargèrent sauvagement les russes qui avaient bousculé leur camarades, empli du désir de vengeance. Le travail fut méthodique. En une seule charge, les russes furent défaits en refluèrent dans un désordre encore accru par les râles des mourants et les plaintes des blessés. Vengeance était faite.