21 décembrePercy a écrit :Le colonel Percy se souvient :Le 20 juillet je commandais un régiment de dragons. Nous fendîmes en deux les trois lignes des compagnies du régiment Baggovout, qui s'étant aussitôt reformées, nous obligèrent à les retraverser en sens contraire. Au moment où nous revenions vers l'Empereur, après avoir dispersé les Russes, je rencontrai un gros de cavalerie ennemie. Je me précipitai sur ces enfoirés-là. Deux officiers russes, deux vrais géants, m'attaquèrent à la fois. L'un d'eux m'appliqua sur la tête un coup de sabre qui fendit tout jusqu'à mon bonnet de soie noire que j'avais sur la tête, et m'ouvrit profondément le crâne. Je tombai de cheval. Quand je repris connaissance, je m'aperçus que j'avais la tête ouverte. Par bonheur, mon sang ou la peau meurtrie de mon cheval peut-être, que sais-je ! M’avait, en se coagulant, comme enduit d'un emplâtre naturel.
Alors que le soleil se levait, je me haussais en me servant de mon sabre. Au loin j’aperçu mes fidèles adjudants Relmyer, Margont, Lefine et Gluntz qui m’ayant aperçu s’élancèrent pour me secourir….
A l'ouest des montagnes, il y a la plaine et quelques bois en carré. Là était, au commencement du combat, une partie de l’infanterie commandée par le colonel Maxos, en colonne serrée et placée en arrière. La compagnie de dragons du Colonel Percy vint faire, sur les restes de cette compagnie russe, une charge assurément bien inattendue et qui eut pour résultat l'anéantissement des fusiliers russes.
Il réunit ensuites ses dragons, les reforma avec la rapidité de l’éclair et enfonça les colonnes du Sous-Lieutenant Yvan Kalyaev. Il sabra plus de 15 hommes et fit au moins 11 blessés. Peu après le régiment des voltigeurs de Maxos, qui vint au secours de l’infanterie, lui causât quelques pertes.
C'est vers 18h30 que s'engage avec les Russes une fusillade des plus meurtrières, des officiers et des soldats tombent. Le malheureux Colonel Percy, déjà atteint de deux fortes contusions, reçu un troisième coup de feu probablement mortel qui le renversa par terre sans mouvement !
L'adjudant Lefine accouru, pour venir donner des soins au Colonel, il vit de suite la gravité de sa blessure.
Comme l'ennemi les poursuivait vivement : "Tuez-moi, disait le Colonel, mais ne m'abandonnez pas vivant".
Quatre dragons le portèrent dans une capote, il était environ 19h30... ils reçurent l'ordre de le conduire à Lokniza afin de le remettre au soin d'un chirurgien de la Garde...
Le 21 janvier Relmyer racontait :
Une balle avait traversé la cuisse droite du Colonel Percy, qui échappa au scalpel de Larrey, chirurgien de la garde, qui n’osa amputer le neveu du Baron Percy, chirurgien de la Grande Armée !
S’il conserve sa jambe, c’est probablement grâce à la médecine spéciale de l’adjudant Lefine : une pièce de cinq francs à l'entrée de la balle, une autre à la sortie, un peu de charpie, et le tout est bien enveloppé.
La gangrène s’est néanmoins déclarée pour la Noël, mais un bain de guimauve et de l'eau-de-vie camphrée, presque bouillante, versée sur tout le membre, à l'exception de la plaie, recouverte d'un tampon de charpie imbibé de « digestif animé » (onguent composé de térébenthine, de jaune d'œuf, d'huile d'olive et d'une résine d'origine exotique du nom de styra) a fait des miracles.
Malgré l’affaiblissement total du Colonel par la perte considérable de sang, malgré les douleurs occasionnées par les différentes contusions reçues au moment de diverses charges de cavalerie, le Colonel Percy a été guéri en l’espace d’un mois, après quoi il reprend la tête de son régiment...
La version du chirurgien Larrey :
“Un officier supérieur, le colonel Percy, vrai et digne guerrier, est un des blessés les plus remarquables de cette journée du 21 décembre. Il avait combattu à la tête de son régiment, le 2e Régiment de Dragons ; c’est dans les charges répétées de ce corps que ce brave colonel reçut presque au même instant plusieurs coups de sabre et de feu... Deux des blessures pénétraient dans les chairs du coude et du poignet gauches, une balle avait traversé la cuisse droite: on avait prévenu les effets fâcheux de l’hémorragie par l’application d’un bandage compressif fait sur le champ de bataille… Arrivé à Lokniza, le colonel me fit appeler pour pratiquer les soins nécessaires. Avec plusieurs de mes confrères appelés en même temps que moi près de ce Colonel, je reconnus que l’amputation n’était probablement pas nécessaire et nous procédâmes immédiatement aux soins de plaies. Pendant ces soins, le colonel Percy dicta une lettre à l’Empereur pour le prier de lui conserver le commandement de son régiment. Non seulement il ne manifesta aucun signe de douleur mais à peine le pansement des plaies fut-il terminé, qu’il remonta à cheval et s’éloigna...”.